L’agence The Clothette est une agence commerciale qui s’occupe de la stratégie de distribution des marques émergentes sur le territoire français. Nous accueillons toute l’année des acheteurs de tout l’hexagone afin de leur présenter les nouvelles collections. Nous collaborons aujourd’hui avec plus de 400 détaillants, notre rôle est de les accompagner pour répondre au mieux à l’attente du marché et de leurs clients.
Être acheteur pour une boutique ou un magasin parait souvent être l’aspect le plus attractif du métier mais il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte. Nous avons décidé de donner la parole à différents acheteurs avec qui nous collaborons main dans la main pour pouvoir partager leur point de vue et leurs conseils sur ce métier convoité, mais pourtant très complexe.
En ce mois de novembre, nous avons interrogé Christophe Lumpert, fondateur et acheteur chez Metashop, deux shops multimarques éponymes pour elle et pour lui situés à Bourgoin-Jallieu (38).
”Le concept s’est installé il y a maintenant plus de 5 ans. D’abord pour hommes, puis online et à présent également pour femmes avec un second point de vente. J’ai pensé Metashop avec mes convictions & mon oeil de passionné. Un lieu de vie, de partage, de culture et d’échange. Ma volonté est simple : proposer aux gens une expérience mode & style unique, en remettant l’humain au coeur de la démarche ! Notre culture mode va à l’encontre des phénomènes de « mass marketisation » de la consommation.
Il s’agit un espace où l’on parle mode, musique, art... que l’on ait 15 ou 65 ans. Nous avons construit en quelque sorte un vestiaire idéal : sneakers rétro, labels streetwear, corner business, de beaux basic & des accessoires lifestyle fun.” - Christophe Lumpert
The Clothette : Quel est votre parcours avant d’avoir lancé Metashop ?
Christophe Lumpert : Je suis issu d’une famille modeste, j’ai vécu seul avec ma mère dès mes 13 ans. Une adolescence face à des soucis familiaux qui a forgé mon caractère & ma vision du monde. La détermination et l’envie de réussir était très très forte chez moi. Très jeune j’étais convaincu qu’entreprendre, créer serait la bonne voie pour moi. Je n’étais pas conformiste et j’avais du mal à me plier aux règles, aux directives. Je ne viens pourtant pas d’une famille « d’entrepreneurs »… La mode, l’art, la musique, le sport, le marketing, la comm… j’étais passionné de tout ça. Je suis depuis toujours quelqu’un de curieux, ouvert aux autres, emphatique & spontané. J’ai donc construit mes expériences pro et mon cursus scolaire pour être armé et mener à bien mon projet : créer mon shop !
Niveau scolaire: BAC +3 en management, gestion et communication, toujours en alternance & autant dans des grands groupes que chez des petits indépendants. Je voulais avoir une vision globale du métier, des approches avec des prismes différents. À 23 ans Metashop était lancé !
TC : Comment décrivez vous l’aspect d’acheteur dans votre métier en 3 mots ?
CL : Fun, créatif, stratégique
TC : Quelle sensation ressentez-vous à chaque découverte de nouvelles collections ?
CL : Ce sont des moments excitants ! Quand on est réellement passionné par ce métier, les découvertes de collections sont dynamisantes : à quoi va ressembler le shop dans 6 mois ? Vers quel parti pris va t-on aller ? Est-ce que ma culture mode va être en harmonie avec les tendances à venir ?
Autant de questions qui rendent ce rôle d’acheteur déterminant en terme de stratégie commerciale et de communication avec des projections sur le moyen/long terme.
TC : Comment se passe les choix de marques lorsque l’on est situé dans une petite ville de France ? Comment évoluent les tendances ?
CL : Le shop a beaucoup évolué depuis 6 ans. Le but initial était de connecter les mecs de chez moi à une culture mode pointue et à une démarche de consommation réfléchie. Certaines étapes étaient nécessaires pour les amener dans notre « mood » et arriver à une maturité de notre univers de marques. Je n’aurais pas pu ouvrir à l’époque en 2013 avec Sunspel, Rains, Stan Ray ou encore KnowledgeCotton Apparel. Une éducation sur « le produit » a été faite, comme pour replacer le prix juste sur chaque produit. Une démarche très saine, avec pédagogie et dialogue permanent avec les clients.
La sélection de marques se fait avec mon feeling et mes convictions, mais aussi de plus en plus avec l’oeil de l’équipe ! Leurs avis comptent beaucoup pour moi ! Le fait d’être à Bourgoin-Jallieu n’est plus un frein à présent, je ne nous sens pas en retard sur les tendances. Au contraire même, nos clients lyonnais, parisiens ou étrangers nous confirment que notre sélection est vraiment cool et audacieuse !
TC : Est-ce difficile de gérer les achats pour deux shops aux cibles différentes ?
CL : Après réflexion je dirais oui…alors que je ne le pensais pas il y a 1 an ! :-)
La vérité c’est que les hommes et les femmes ne sont pas animés par les mêmes motivations d’achat. Les comportements et les réflexes en shop sont différents. Même avec un concept identique. Les raisons qui motivent mes choix de collections pour les hommes sont différentes pour les femmes. Il faut prendre du recul en permanence et ne jamais s’endormir sur ses acquis ! Une top marque peut devenir un flop en une saison et un flop une top marque… C’est ce qui rend d’ailleurs ce taf d’achat motivant et excitant.
Un gros travail en back office est primordial : stats de vente, analyse des performances par marques, par famille de produits, analyse de la rentabilité, évolution des taux de sortie…
Une dizaine d’outils de management ont été crées pour me faciliter le travail en fashion week ! Des outils dont je ne pourrais pas me passer, pour ne pas laisser le hasard décider.
En somme, les achats c’est du feeling, une maitrise des tendances, une connaissance de ses clients et pas mal de rigueur grâce à une analyse des performances.
TC : Quels conseils donneriez-vous aujourd’hui à quelqu’un qui veut lancer son shop en France ?
CL : Que c’est un métier de fou ! Qu’il faut se rendre compte de la charge de travail énorme que cela représente, et de l’exigence quotidienne à laquelle on doit s’astreindre. Le secteur est ultra concurrentiel et en même temps c’est par la singularité de sa démarche que l’on peut s’en sortir.
Bien penser son business modèle, déterminer sa cible et toujours rester fidèle à ses convictions : les clefs à mes yeux pour réussir !
TC : Aujourd’hui la mode éco-responsable prend une part importante dans l’esprit des gens, influence-t-elle vos choix dans votre sélection ?
CL : Oui c’est le cas ! La notion de mode éthique devient de plus en plus importante. L’industrie textile est une catastrophe pour l’environnement : on doit en avoir conscience !
Les marques qui font des énormes efforts pour produire bien et beau doivent être valorisées.
Plus les années passent et plus nos clients se montrent soucieux de ça : comment ce produit est fabriqué ? Où ? Dans quelles conditions ? Dans quel pays ?
Autant de questions auxquelles on se doit de répondre et avec des marques comme KCA, Colorful, Nudie, Johnny R entre autres, c’est un plaisir !
Merci beaucoup Christophe et bonne continuation !
Retrouvez la sélection Colorful Standard, Johnny Romance, Knowledge Cotton Apparel, et Rains chez Metashop !